Ce papier ayant pour thématique « la formule 1 » circule sur le web, nous avons voulu vous le publier plus bas.
Le titre suggestif (Formule 1 | ‘On m’a arraché le cœur’ : Claire Williams n’arrive plus à regarder la F1) est sans détour.
Annoncé sous le nom «d’anonymat
», l’éditorialiste est positivement connu.
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Cela fait maintenant trois ans que Claire Williams a vendu l’équipe fondée par son père à des investisseurs américains, Dorilton Capital. Il y avait de toute façon urgence puisque Williams était à court de liquidités et n’avait plus investi l’argent nécessaire dans les infrastructures et équipements, et ce depuis des années. Williams paie d’ailleurs encore aujourd’hui ce retard.
Alors que Williams franchit le cap des 800 Grands Prix en F1, Claire Williams est revenue sur le moment douloureux de sa démission – au Grand Prix d’Italie 2020.
« Lorsque j’ai quitté Monza, j’ai eu l’impression qu’on m’avait arraché le cœur et qu’on ne me l’avait jamais rendu. »
« Il faut juste trouver quelque chose pour remplacer la F1. Mais c’était très difficile à l’époque et trois ans plus tard, c’est toujours aussi difficile. »
« C’est l’un de ces deuils qu’il est très difficile de surmonter ou d’accepter. Maintenant que nous avons perdu papa, nous avons parfois l’impression que ce n’était qu’un rêve. Cette période de notre vie a-t-elle vraiment eu lieu ? »
« Il s’est passé tellement de choses au cours de ces dernières années que je ne pourrai jamais en parler aujourd’hui. »
« Mais j’ai vu l’équipe traverser trois saisons très difficiles et j’ai pu transmettre quelque chose qui vivait et respirait encore à quelqu’un qui avait les poches plus profondes que les nôtres. Nous avons gardé tous les emplois, nous n’avons pas été placés sous administration judiciaire et j’en suis très fière. »
Un an après la vente de l’équipe, Frank Williams, qui était reconnu comme le tétraplégique à l’âge le plus avancé au monde, disparaissait. C’est à lui que pensa immédiatement Claire après la vente de l’équipe.
« Lorsque je suis confrontée à des circonstances difficiles, je m’enterre la tête dans mon travail et lorsque nous avons vendu Williams, ma prochaine préoccupation a été de savoir où allait papa. »
« Même si Dorilton a eu la gentillesse de dire qu’il pourrait toujours vivre à l’usine, j’avais besoin qu’il soit près de moi. Par coïncidence, la maison voisine de la nôtre a été mise en vente et nous y avons installé mon père. »
« J’ai dirigé son équipe de soins. Je me suis assurée qu’il fût heureux et à l’aise dans sa nouvelle maison et nous avons fait de belles choses ensemble. Il allait chercher mon petit dernier, Nate, à la crèche. »
« Mais sa maladie s’est aggravée, il a fallu s’occuper davantage de lui et il est décédé. Mais pendant les six mois qui ont suivi, nous avons organisé ce merveilleux service commémoratif. Nous avons ensuite décidé de déménager, de rénover notre ancienne maison à Ascot et notre nouvelle maison à South Downs. »
« La vie continue. Et même si Williams me manque et que la Formule 1 me manque terriblement, il y a un tout autre monde. Il faut aller chercher le bonheur ailleurs. C’est ce que j’ai fait. »
Claire Williams continue-t-elle à regarder la F1 aujourd’hui ? Elle confie en tout cas avoir regardé le Grand Prix d’Australie… et a été choquée de voir que la Sky oubliait de la compter parmi les directeurs d’équipe en F1 (même si officiellement, elle était la directrice adjointe, le principal restant Frank).
« J’ai allumé la télévision pour voir qu’Alex avait marqué un point en Australie plus tôt cette année. »
« Les journalistes de la Sky ont attrapé James [Vowles, le directeur d’écurie] et lui ont dit : ’mon pote, félicitations, tu es seulement le troisième directeur d’écurie de Williams et tu as marqué un point. Qu’est-ce que ça fait ? »
« Et je me suis dit : « Troisième directeur d’écurie ? C’est Frank, c’est Jost [Capito] et c’est James, et moi ? Ted [Kravitz] vient de me ‘cancel’ à la télévision nationale ! »
« Je n’ai peut-être pas été appelée directrice d’équipe car mon père gardait ce statut honorifique, mais c’est ainsi que j’ai fonctionné et je viens d’être littéralement effacée. J’ai tout de suite éteint la télévision et j’ai juré de ne plus jamais la regarder. »
Et en effet, Claire Williams a bien toujours du mal à regarder une course de F1…
« Mais j’ai essayé de regarder la dernière course à Silverstone. Je me suis dit : « Bon, je vais le faire’’. Mais j’ai regardé le tour de formation et c’est tout. J’ai tenu cinq minutes. »
« Je ne sais pas ce que c’est, mais si vous parlez à une personne qui a travaillé, vécu et respiré la Formule 1 – que ce soit pendant 20 ans ou 20 minutes – cela vous fait quelque chose. Elle vous absorbe, et quand vous partez, surtout involontairement comme je l’ai fait, il est très difficile de la regarder sans ressentir cette perte. »
Les nouveaux projets de Claire Williams
Claire Williams se consacre à d’autres projets : notamment pour la TV (un projet encore secret), ou en tant qu’ambassadrice pour Williams Advanced Engineering.
Elle a aussi lancé la Frank Williams Academy, qui lèvera plus d’un million et demi d’euros pour mener des actions éducatives en faveur de paralysés.
La Sky (justement) lui a aussi proposé de commenter la F1 comme consultante. Ce qu’elle a refusé.
« C’était trop tôt. Quand on part, on part, c’est mieux comme ça. »
Et voudrait-elle un jour redevenir directrice d’équipe ?
« A moins que quelqu’un ne me dise : « Reviens et sois directrice d’équipe et tu pourras reprendre Williams », je ne pense pas nécessairement qu’il y ait un poste que je voudrais, mais il ne faut jamais dire jamais. »
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