Que penser de ce texte : Les grandes désillusions. Quand Bolloré pensait conquérir le marché de l’automobile électrique

Après plusieurs années d’annonces, d’ébauches, de maquettes et de protos, cette fois ça y est. Le groupe Bolloré présente enfin sa petite voiture électrique, conçue en partenariat avec Pininfarina.

Le carrossier italien a dessiné une petite berline monovolume dotée de quatre portes et quatre places.

Le design est moderne, tout en semblant très proche de la version de série définitive. Le patron de la marque l’annonce : cette voiture va révolutionner le marché automobile.

Bolloré BO

Première révolution, la batterie conçue par Bolloré. C’est la raison d’être de cette voiture et de cette nouvelle marque automobile.

L’objectif est de vendre cette technologie partout dans le monde. On annonce qu’on pourra la recharger sur une prise standard très facilement et que sa durée de vie dépasserait les 400 000 km.

On promet surtout une autonomie record grâce à une technologie unique et encore secrète. La production devra atteindre rapidement les 20 000 unités annuelles à partir de 2012, avant de conquérir le monde entier. La voiture semble bien née, la suite sera moins réjouissante.

Grosse déception

Quelques mois après la création de cette coentreprise, le designer Andrea Pininfarina, petit-fils de Battista Pinin Farina, meurt dans un accident de la route, à 51 ans. Pininfarina vend sa participation dans le projet.

Entre deux, la version définitive de la Bolloré a bien changé. A commencer par la cible. On indique que la voiture sera principalement destinée à l’auto-partage.

Longue de 3,74 mètres, la Bluecar est large de 1,70 mètre et haute de 1,61 mètre. Elle propose quatre places et un volume de coffre de 350 litres. Mais c’est surtout l’aspect général de la voiture qui va surprendre.

Une voiture basique

Si le proto BO était bien fini et luxueux, la version définitive, la “Bluecar” est un véhicule rustique, sans charme et au style maladroit.

Mais il y a pire, elle est vendue au prix de 19 300€, ce qui en 2010 est totalement hors de prix. Heureusement, l’entreprise compte sur le bonus de 6000€ pour baisser le tarif d’entrée.

La batterie est louée au prix de 79 euros par mois avec un kilométrage illimité. Ce qui augmente encore le coût final.

La pire batterie du marché

Alors qu’on nous vendait une batterie révolutionnaire Lithium Métal Polymère, qui allait ringardiser la concurrence, la réalité sera toute autre. Cette batterie a un gros défaut. Il faut la laisser branchée en permanence quand vous n’utilisez pas le véhicule !

A défaut de quoi, l’autonomie baissera toute seule, sans que vous n’utilisiez la voiture. En moins de 48 heures ce sera la panne. Impossible également de laisser votre voiture électrique dans un garage en hivernage, la batterie ne le supportera pas.

Pire, malgré les promesses, l’autonomie ne dépasse jamais les 150 km et la voiture est quasiment inutilisable sur autoroute et n’est pas rechargeable sur les bornes de recharges rapides.

Une sécurité aléatoire

Finalement principalement destinée à l’autopartage, les premières Bluecar arrivent sur le marché sans ABS ou ESP avant de rentrer dans le rang. Dès le départ, les “Autolibs” mises en place à Paris en libre service, vont finir de plomber la carrière de la Bolloré.

Sales, mal entretenues, parfois laissées à l’abandon n’importe où, ces voitures deviennent synonymes de poubelles roulantes. Peu de particuliers se laisseront tentés par l’achat ou la location d’un modèle.

Quelques années plus tard, on découvre avec stupeur que des centaines d’exemplaires de celle qui devait révolutionner l’automobile sont en train de pourrir sur un terrain vague quelque part dans le centre de la France. Non seulement la Bolloré sera un échec, mais ce sera également le symbole d’un scandale écologique.