Focus sur cet article : Tania et Marco sillonnent le monde à moto avec leur petit chien

Tous les globe-trotter vous le diront. Il y a tour du monde et tour du monde. Mais les luxembourgeois Tania, 40 ans, Marco 41 ans, et leur petit chien Spike, âgé de 11 ans, font plutôt dans le registre de l’épopée, perchés sur deux motos BMW.

«Nous sommes partis de Differdange le 22 juin 2022, et là nous sommes en Inde à Goa. Nous avons déjà parcouru 49 000 km», nous confiait mercredi Marco, employé du ministère de la Santé, dont l’échéance du congé sans solde est pour l’heure fixée à avril 2025. «Après l’Inde, nous pensons partir au Népal et prendre l’avion pour la première fois dans ce périple, afin de rallier la Thaïlande, le Cambodge, le Laos, le Vietnam, la Malaisie…» Jusqu’ici leurs montures ont tenu le choc.

Depuis maintenant plus d’un an et demi, le couple vit au jour le jour, et trace sa route au gré des rencontres, des nuits à la belle étoile, dans des auberges où chez des familles qui les accueillent pour un soir ou un peu plus. Des moments hors du temps. «Nous avons passé deux mois en Arabie Saoudite ou nous avons fait le ramadan avec les locaux. Puis nous sommes allés aux Émirats arabes Unis. C’était l’été dernier. Il faisait 55 degrés la journée, donc nous roulions la nuit, et nous dormions à la plage la journée».

Si leur petit chien Spike a souvent été précieux pour faciliter les passages de frontières et créer le lien avec les gens, il leur a aussi valu un joli détour de plus de 3000 km. «Nous voulions prendre le ferry de Dubai vers l’Iran mais il n’a pas été admis à bord, les chiens n’étant pas toujours bien acceptés dans la religion musulmane. Nous sommes repartis en Arabie Saoudite, passés par le Koweit puis nous sommes retournés passer deux mois en Irak ou nous avions beaucoup d’amis de notre premier passage. On a même nagé dans le fleuve Tigre», racontent Marco et Tania qui font suivre leurs aventures et partagent ces moments inoubliables chaque soir sur instagram via le compte Vollgaskoppel.

«Nous avons adoré découvrir d’autres religions. D’autres cultures. On a même participé comme figurants au tournage d’une série Netflix et d’une série locale au Pakistan. En Inde, une famille qui nous a offert une tenue traditionnelle. Nous avons rencontré beaucoup de voyageurs. Même un Luxembourgeois. Il avait tenté d’aller en Mongolie mais n’avait pas obtenu le visa de la Russie pour traverser. Il était en train de rentrer. Nous aurions dû rencontrer un autre couple du Grand-Duché, mais ils ont été victimes d’un accident. Le mari s’est tué sur la route et sa compagne a été rapatriée par Air Rescue», raconte Marco qui se tient informé de l’actualité du monde qui bouge tout autour d’eux.

«Il y a des guerres, des tremblements de terre. Tout change très vite. Nous avons vu qu’il y a un nouveau gouvernement au Luxembourg et que M. Frieden est premier ministre. Il y aura une nouvelle ministre à la Santé. Je reste en contact avec mes collègues et je consulte L’essentiel tous les soirs», sourit Marco, auquel le pays manque un peu moins qu’à Tania.

Parmi les moments difficiles, il y a cette semaine sous escorte militaire pakistanaise au Balouchistan entre Iran et Pakistan, suite à un attentat. «Nous avons passé des nuits dans des commissariats avec les prisonniers dans des prisons à ciel ouvert. Le Pakistan, c’est un monde à part», raconte le couple. Tania y a aussi contracté la dengue et a été forcée de rester quatre jours à l’hôpital et Marco, à pied, y a été renversé… par une moto. Forcément il y a aussi eu des chutes. «Sur certaines routes de pierre, elle tombait une fois par jour. Il y a aussi les camions qui mettent la pression sur la route». Mais le duo ne se presse pas.

«Parfois on a eu des coups de blues, on a pensé à rentrer. Mais il y avait toujours quelque chose, une rencontre, un signe, une bonne étoile pour nous dire, «vous êtes sur la bonne route, il faut continuer», sourit Marco. Jusqu’où? Ce sera une question de budget. Et jusqu’au bout du monde, ils sont rattrapés par l’inflation. «On réfléchit à enchaîner avec l’Amérique du Sud après l’Asie. Au Luxembourg, j’avais un appartement et une maison que j’ai mis en location. Mais pour le crédit j’avais un taux variable, et avec la hausse des taux, le montant du loyer rembourse à peine le crédit. Cela devient compliqué», raconte Marco. Le duo a également beaucoup appris sur lui-même. «Ça va on ne se dispute pas trop. Cela a dû arriver quatre fois depuis notre départ».